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Pourquoi les personnes autistes peuvent avoir du mal avec les consignes

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Recevoir des consignes double instantanément mon niveau d’anxiété. Peu importe quelles sont ces consignes. Elles peuvent être vraiment simples. Avoir à intégrer qu’une consigne m’a été donnée, et avoir ensuite à traiter cette information est assez difficile à gérer.

Pour commencer, la plupart des consignes sont assez mal formulées. Souvent, la personne donnant les consignes est neurotypique et suppose que je saurai me débrouiller avec quelques vagues informations. Elle se trompe tellement.

Par exemple, on m’a demandé récemment de photocopier “quelques” exemplaires d’un document. J’ai supposé que “quelques” signifiait “trois”, puisque j’ai grandi avec l’idée que “quelques” valait “trois”. J’ai pris ça trop littéralement, ce qui est un problème classique pour la compréhension des consignes par les personnes autistes.

Si l’on me donne une consigne, à moins que je puisse en décider autrement d’après mes expériences précédentes, je vais suivre la consigne à la lettre, et la traiter de façon très littérale. Ceci signifie que je ne prête pas assez attention au contexte, ce qui peut affecter la compréhension correcte de la consigne.

Dans le cas des photocopies, la personne supposait que je prêterais attention au contenu du document et que je réaliserais qu’il en fallait au moins dix. Rétrospectivement, c’était une supposition raisonnable de la part de cette personne. Trois copies n’auraient pas suffi, mais ces trois copies ont été tout ce que cette personne a reçu.

Non seulement la plupart des consignes sont très succinctes, et mon cerveau tend à les interpréter à la lettre, mais aussi, il est possible de les comprendre de plusieurs façons, ce qui les rend plus difficile à comprendre. SVP, soyez explicites et directs dans vos consignes. Je ne souhaite pas être coincée à décrypter ce que vous me dites, à considérer de quelle façon vous souhaitez que je réponde à votre consigne. Je suppose que c’est pourquoi on me dit souvent que je manque de “bon sens”.

Même si je sais ce que je dois probablement faire, et que j’interprète souvent correctement ce qu’on me demande, j’ai été si souvent dans l’erreur que je doute constamment de moi, jusqu’à l’épuisement. Une instruction très simple peut causer une surcharge cognitive chez moi.

J’essaie tellement de ne pas me tromper, et de ne pas passer pour une imbécile, que j’ai besoin que l’on me rassure, beaucoup. Histoire d’être sûre que je fais correctement les choses. C’est aussi parce que je suis perfectionniste. Mon cerveau est câblé ainsi, tout doit être parfait. Je veux effectuer les tâches de façon parfaite pour ne pas décevoir. Mais puisque nos définitions de “parfait” ne coïncident pas souvent, cela me laisse le sentiment que je ne peux même pas me mettre à l’œuvre en ne sachant pas exactement ce que je dois faire.

Une autre grande difficulté pour suivre les consignes est la dysfonction exécutive. Il peut me sembler impossible de me souvenir de plus d’une instruction à la fois. Si l’on me donne plus d’une consigne à la fois, je dois les noter. J’ai dû apprendre cela. L’école était un cauchemar, spécialement en cours de design et de technologie. Les cours de menuiserie étaient une épreuve aussi à cause de la surcharge sensorielle. On nous donnait une série de consignes orales, je ne me souvenais que de la première, et on me disait que je ne faisais pas assez attention. Croyez-moi, je FAIS ATTENTION. Probablement plus que d’autres. Mais mon cerveau ne peut pas se rappeler une consigne qui n’a pas de rapport immédiat avec la tâche demandée. J’ai besoin de l’écrire.

J’ai aussi du mal à gérer mon impulsivité, et cela signifie que je peux exécuter une tâche sans forcément réfléchir aux conséquences. Parfois, j’agis sans vraiment réfléchir et tout m’explose à la figure ! Ce n’est pas idéal.

Une expérience partagée par de nombreuses personnes autistes est d’avoir besoin de comprendre POURQUOI il nous faut suivre les consignes avant même de pouvoir les exécuter. Mais quand nous demandons la raison d’une consigne, nous passons pour malpolis. Quand je demande pourquoi vous souhaitez que je fasse quelque chose, je ne vous demande pas pourquoi je devrais le faire, et je ne fais pas preuve de mauvaise volonté. C’est simplement pour que j’arrive à faire les choses comme il faut. Autrement, j’ai vraiment du mal à agir. 

Et c’est pourquoi je n’aime pas les consignes. Surtout les consignes verbales. Malheureusement, nous avons à en gérer tous les jours, et j’ai tendance à me concentrer spécialement sur celles qui me donnent du mal. La plupart du temps, à ma grande surprise, j’y arrive, avec un peu de soutien et un peu de compréhension, qui font une grande différence.

Article écrit par Emily Katy et traduit par le Pôle Contributions de CLE Autistes, il est disponible en version originale sur le site : https://www.authenticallyemily.uk/blog/why-autistic-people-can-struggle-with-instructions

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