La rubrique parole d’autistes donne la voix à toutes les personnes autistes, elle n’engage que leurs auteurs et autrices. Il ne s’agit pas de la ligne de l’association.
Par Greg
L’autisme entraîne des fonctionnements cognitifs et émotionnels différents, et induit des aptitudes très souvent hétérogènes dans différentes sphères d’aptitudes.
En interaction avec son environnement, la personne autiste pourra montrer des écarts de compétences et des écarts comportementaux singulièrement différents vis-à-vis de ses pairs.
Le problème réside dans le jugement que porte la société et ses représentants sur les aptitudes et comportements de la personne autiste.
Ces jugements sont parfois explicites, mais bien souvent implicites, la différence perceptible de la personne autiste ne suscitant quasiment jamais l’indifférence.
Il est courant, pour les personnes neurotypiques, de classer les aptitudes des individus les uns par rapport aux autres, et ceci depuis la tendre enfance.
Pour une personne autiste, ces classements sont impossibles et dénués de sens, dans la mesure où il lui apparaît superficiel de simplement décréter comme “mieux” ou “moins bien” une aptitude dans un contexte rendu exclusif au jugement tel qu’il a été prononcé.
À titre d’exemple illustratif, il est très utile d’avoir un effet retard émotionnel en situation de crise. En revanche, cet effet retard rend difficilement compréhensible certaines discussions quotidiennes. Ainsi, contrairement aux préjugés, cet effet retard n’est pas une gestion émotionnelle dégradée par rapport à une autre ; elle se révèle utile ou alors handicapante dans certaines conditions.
Malheureusement, les personnes autistes sont quotidiennement sujettes à un jugement négatif de leurs capacités, et à ces injonctions de normalité.
Cette normalisation se manifeste par :
- Un déni des difficultés et handicaps qu’elles subissent, en centrant le jugement sur la prétendue facilité des tâches à effectuer, ou le supposé préjudice que les personnes autistes engendreraient sur leur entourage (les crises par exemple)
- Une demande de comportements standards ou d’arrêts de comportements jugés inappropriés.
- Une infantilisation, voire une victimisation, plaçant ainsi la personne autiste en tant qu’objet manipulable ou expiatoire
- Un renvoi vers des stéréotypes, dont l’énumération suffirait à appréhender toute situation.
Mais elle se manifeste aussi par :
- Un déni d’existence d’aptitudes particulières, engendrant des malaises relationnels, sous le prétexte qu’il serait impossible d’apprendre en si peu de temps certaines compétences.
- Un abus de profit des aptitudes particulières à des fins égocentrées.
Ce contexte induit un stress important pour la personne autiste, ce qui aura pour conséquence de renforcer ses comportements de compensation. Qui dit compensation, dit aussi besoin plus important de pouvoir recharger ses batteries énergétiques, émotionnelles, psychiques et mentales.
Mais dans une société qui préfère prôner l’adaptation à marche forcée comme seule voie possible pour les autistes au lieu de s’accommoder de quelques concessions pas toujours compliquées à mettre en œuvre, toute idée de fatigabilité supplémentaire entraîne alors l’incompréhension, le refus de comprendre, la stigmatisation et enfin l’exclusion du jeu familiale, de la scolarité, du jeu de séduction, de la vie conjugale , du monde du travail, de la vie en société.
Le cas des sites de rencontre les plus connus est très emblématique de l’injonction de normalité: Meetic ne propose en effet jamais à ses clients ayant pourtant souscrit à l’abonnement premium , la possibilité d’indiquer comme imperfection d’être neuroatypique. Le fondateur de Meetic, n’a jamais de toute évidence voulu tellement intégrer de réflexion relative au cas des personnes rentrant dans la neurodiversité. Meetic est fait par une majorité de membres normo-pensants selon des critères filtrants et des plus subjectifs ,ne laissant aucune place à la diversité, la mise en valeur de profils atypiques. Tout comme élite-rencontres, adopteunmec, paarschip. Undeuxtoi, fondée sur des rencontres plus sérieuses, propose un peu plus de possibilités aux profils sortant du rang. Mais le MBTI n’est pas le test de personnalité qui permette de valoriser dans le cadre d’une rencontre éventuel, le potentiel d’une personne autiste.