Un séjour à l’hôpital psychiatrique de Saint-Anne

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TW : mentions d’abus psychiatriques, de suicide, de violences, de soin sans consentement.

Par une personne vraisemblablement autiste ayant contacté le collectif pour avoir de l’aide et qui fait face à son hospitalisation forcée par ses parents. En cause des travaux bruyants chez lui ont provoqué des crises.

L’hopital de saint-Anne et son pavillon principal.

Au début il y a une ambulance, les infirmiers/médecins et deux flics qui étaient présents le lundi 20 mai.

Premier jour, dès mon arrivée on me conduit à ma chambre. On me demande de boire du largactil sans quoi ils me l’injecte.

J’ai donc obtempéré et une fois bu ils m’ont demandé de m’allonger pour que ça fasse effet. Après quelques temps j’ai essayé de me lever pour aller dans le couloir… Là c’était comme si mon cerveau s’était déconnecté. Je me suis lamentablement écroulé par terre et peu de temps après j’ai repris connaissance pendant que des patients qui avaient du accourir en me voyant dans cet état, ils ont essayé de me relever. Ensuite les infirmiers sont arrivés et ils m’ont soulevé jusqu’à mon lit.

Quelques temps plus tard, l’envie d’aller faire la petite commission me prenais; je me suis donc déplace jusque dans la salle de bain individuelle, et là encore j’ai rechuté. J’ai repris mes esprits et renonçant à aller aux WC je me suis demandé si je ne m’étais pas cogné la tête sur le lavabo.

Les jours qui suivirent on m’a prescrit du loxapack en remplacement du largactil, d’après les médecins “parce que mon coeur battait trop vite”. Les effets secondaires du loxapack, notamment la bouche étirée/bavante et la langue tendue, sont moins handicapants que ceux du largactil. Mais ce fut relativement amusant que l’on me prescrive le loxapack qui “gonfle la langue” peu après que j’ai demandé au directeur du service que je puisse être libéré. En tout cas ce devait être lui (une personne d’un age plus avancé), d’après les dires d’un patient assis sur une chaise devant le bureau infirmiers comme la plupart des patients qui errent sans but dans les couloirs et qui tôt ou tard se posent sur ces chaises, peut-être par ennui de la situation. Accessoirement, je voulais pouvoir donner un coup de fil a une personne s’occupant de ma situation salariale car j’ai, avant l’hospitalisation, essayé de trouver du travail en tant que freelance programmeur web.

Une fois, après avoir pris du lepticure pour ma langue sortante de ma bouche, j’ai eu ce qu’on m’a dit être une dyskinésie : j’ai d’abord mangé à peu près normalement, puis au fur et à mesure que le repas toucha vers sa fin, mon état de la mâchoire s’aggravait. Si bien que lorsque tout le monde avait fini de manger, je restais encore la a essayer de mastiquer un morceau de pain avec du fromage. Les infirmiers au début étaient plutôt intransigeants, mais comme j’avais tout le mal du monde à mâcher ce petit bout de pain ils sont venus me chercher en voulant me reconduire en chambre. Ils avaient même apporté un fauteuil roulant car je refusais de partir sans avoir terminé mon repas.

Et lorsqu’ils finirent par me mettre dans ma chambre, sur mon lit, ils ont mis les camisoles sur ce dernier. J’ai donc continué a essayer de manger alors qu’ils essayaient d’insérer leurs gants dans ma bouche pour retirer le morceau en disant que je risquais de m’étouffer avec (il aurait déjà fallu que j’arrive a le mâcher correctement comme un manque de salive ?).

Le matin on venait dans ma chambre, le médecin et quelquefois d’autres personnels du service arrivaient pour me poser des questions, me demander si j’avais des hallucinations ou si j’entendais “des voix”.

Mes parents sont venus me rendre visite a peu près tous les jours depuis le vendredi de la semaine ou ils avaient été la (je suis rentré en hosto le lundi de la semaine, j’ai pas vu mes parents depuis que je suis rentré dans l’ambulance).

A un moment (me rappelle plus quand) j’ai changé de service pour aller dans une unité plus “ouverte” avec potentiellement la permission d’aller a la cafeteria de l’hosto. On peut aussi avoir son téléphone portable. Les promenades en dehors du service ne doivent pas etre en dehors de l’hôpital.

Lorsque mes parents sont venu le vendredi 31 mai pour une consultation, ma mère a lu devant mes deux médecins du service un message qui me définissait comme potentiellement autiste [par le collectif ndlr].

S’en est suivi d’une réaction d’un très grand calme du médecin qui a voulu rester dans le flou, mais qui a explicitement dit que “en tant qu’autiste il y a des risques de schizophrénie”. Il en a donc conclu que j’étais dans une phase ou je risquais de devenir ce dernier type de “pathologie”. Il a dit qu’il faudrait, pour ma situation scolaire peu avantageuse, que je fasse des tests neuropsychologiques ( tests QI ect…) durant les prochains jours en HP et ensuite il a ajouté que j’allais être bientôt libéré et qu’il fallait d’abord baisser la loxapine.

Même si j’ai des raisons de penser que mes parents ont pu être influencés par le médecin qui est venu a domicile je me garderais de le dire ouvertement pour éviter tout type de quiproquos a propos de cela.

Juste avant de partir pour ma troisième permission, une infirmière (ou aide-soignant ou médecin, ca doit être écrit en tout petit sur leurs badges mais avec ma vue troublée par les médicaments c’est pas évident) m’a pris a part et m’a emmené dans ma pseudo-chambre. C’est juste un lit sur lequel je peux m’allonger car il est recouvert d’un drap pour éviter que je le salisse, car ils n’ont apparemment pas encore trouve de chambre pour moi (d’où peut-être les permissions. Cette infirmière voulait me parler justement de cette permission (pour laquelle j’en ai profite pour faire un compte-rendu) et me demander si cela se passait bien durant les permissions. Je lui ai tout bonnement répondu que ça se passait “normalement” avec mes parents, sans préciser que j’en avait un peu sur la patate du fait d’avoir été hospitalisé par eux. Elle m’a ‘conseillé’ de dire a mes parents ce que je ressentais et cette petite conversation s’est terminée a coup de tout va bien se passer etc. Elle semblait aussi s’inquiéter que je reste tout seul a la maison pendant que mes parents sont au boulot car elle m’a demande si cela m’inquiéterais.

J’étais sur le point de pouvoir rentrer tout seul chez moi mais le médecin n’a apparemment pas voulu que je ne sois pas accompagne, il s’en est passe pas mal de coup de fil dans le service pour savoir si oui ou non je pouvais retourner au foyer de mon propre chef. Finalement mon père est venu me chercher. A voir les effets du loxapack avec la sortie.

Une femme qui semblait schizophrène dans le service, elle est venue me dire bonjour et elle semblait sonnée. Elle m’a dit qu’elle venait de faire une séance de “sismothérapie” j’ai pas eu besoin de ses explications pour savoir qu’il s’agissait d’électrochocs [modernes nldr]. La fille avait l’air de dire que ça lui a fait du bien même si elle semblait pas trop dans son assiette.

Le médecin me suit en CMP désormais, il m’a demandé si ça allait chez moi, encore une fois des questions personnelles auxquelles je n’ai pas à répondre à un type qui me voit depuis moins d’un mois dans ma vie.
Mais j’ai pu lui dire que j’étais haut potentiel intellectuel, ce à quoi il n’a pas l’air d’avoir attaché plus d’importance que cela. Il dit que l’on “soigne” des gens non pas avec leur diagnostic mais avec les difficultés qu’ils rencontrent dans la vie.
Il avait l’air aussi de tenir à me donner des médicaments, quand je lui ai demandé si on pouvait baisser l’abilify car mes examens étant passés je n’avais pas autant besoin de concentration (ce qui était son argument) il a dit que non et que l’abilify était comme une barrière anti-stress. Comme si j’avais besoin d’une barrière anti-stress.
Il m’a par ailleurs remplacé le lepticur par du propranolol pour les impatiences. J’ai eu chaud, c’était soit ca soit des benzodiazépines, ce qui n’est pas du tout souhaitable et avec des effets secondaires (suicides?).
Je lui ai dit aussi que c’était plutôt l’abilify qui me provoquait de l’inattention et non l’inverse. Cela aussi il n’avait pas l’air d’en tenir compte. Il demande toujours si je suis en relation avec le collectif.

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