Cette réponse fait suite à une proposition d’une organisation anarchiste pour le mois d’acceptation de l’autisme, déclinée pour cause de divergences idéologiques sur la perception des professionnels de santé par notre association.
La desinstitutionnalisation n’est pas l’absence de soin et de professionnels
Nous partageons évidemment l’ambition de renouer avec une offre de soin accessible et de qualité, néanmoins nous voyons dans les fréquents appels du pied de la gauche au personnel soignant une façon de reconduire tacitement les structure médico-sociales, la mainmise des associations gestionnaires et globalement une politique pensé par et au bénéfice des soignants.
Cette surmédiatisation des conditions d’exercice du soin (au demeurant central) à contribuer à éclipser de l’opinion publique le vécu ainsi que les critiques portés depuis longtemps par les personnes handicapées, ballotées entre maltraitance médicale, l’infantilisation, chantage au soin, et institutionnalisation forcée
Isolé socialement, sans relai médiatique, notamment grâce au maintien d’un système ségrégatif aussi bien médical, social qu’éducatif, les handicapés sont relégués au rang d’objet de soin sans jamais avoir été reconnus en capacité de le questionner, d’établir un savoir sur celui-ci ou même de le réfuter.
C’est pour cela que nous revendiquons une désinstitutionalisation progressive, l’évolution vers un soin pair-aidant antivalidiste auto-organisé hors des institutions, ainsi que la capacité à siéger en majorité dans la plupart des commissions et organismes statuant sur les décisions médicales ou politiques ayant un impact sur nos vies.
Des sujets de droit et non des objets de soin
Au-delà du cas spécifique des autistes c’est la totalité des fols qui se retrouvent dans des processus de marginalisation plus ou moins diffus, auquel se superpose les évidentes oppressions de genre, race et de classe.
Les maltraitances administratives, l’éloignement du monde du travail, la précarité ne sont que l’expression profonde du sanisme de la psychophobie de nos société libérales , un modèle social où chacun se retrouve seul responsable de son inadaptation et est invité à se former et à prendre soin de sa santé mental pour obtenir un semblant de citoyenneté.
Au sein d’un environnement aussi hostile, l’accès au diagnostic est une variable d’ajustement pour espérer survivre et accéder aux droits les plus essentiels. Néanmoins c’est aussi un aveux d’échec puisqu’il consiste à nous livrer pied et poings lié à l’autorité psychiatrique qui continu d’étiqueter nos vécus, produire du savoir “légitime” tout en écartant les profils qui ne rentreraient pas dans les catégorie arbitraire qu’elle s’est-elle même crée.
Pour la justice sociale
C’est pourquoi il est indispensable de se positionner au-delà du diagnostic et d’envisager d’améliorer et de sécuriser concrètement le quotidien de tous les “fols” handicapé et marginaux (deconjugalisation des minima sociaux, réquisition de logements, simplification et inconditionnalité de l’accès aux droits, fin du flicage des services sociaux…).
Par les membres du Pôle Communication