Etre autiste, qu’est-ce que ça signifie ?
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Définition : autisme et trouble du spectre de l’autisme (TSA)
Vous êtes un adulte s’interrogeant sur votre autisme ? Vous êtes parent d’un enfant récemment diagnostiqué autiste ou présentant un Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA) ?
Découvrez une définition de l’autisme du point de vue des personnes autistes, vivant cette réalité de l’intérieur.
L’autisme est une diversité neurologique, qui caractérise la manière dont une personne communique et interagit avec son environnement de manière “atypique”. C’est une singularité, éloignée des normes sociales dites “typiques”, touchant environ 1% de la population mondiale de manière constante à travers l’histoire. En tant que spectre, l’autisme englobe une variété de situations et de degrés d’expression.
Les personnes diagnostiquées autistes ou s’identifiant à cette condition sont désignées comme étant autistes, sur le spectre autistique, ou avec autisme. Cependant, la majorité des personnes concernées préfèrent être appelées “personnes autistes”.
L’autisme est donc un handicap?
L’autisme est une situation de handicap dans une société peu adaptée à ses spécificités. Pourtant, les personnes autistes sont des individus dotés de personnalité, de caractère et d’une vision unique du monde. Elles peuvent également présenter d’autres conditions associées, comme des troubles d’attention, des troubles de la parole, ou des difficultés d’apprentissage.
Les personnes autistes ont des identités multiples (de classe, de genre, LGBTIQ, minorités ethniques…) et des vécus variés qui interagissent avec leur autisme. Chaque personne autiste possède une intelligence et une manière d’être uniques. Il est crucial de comprendre que chaque individu autiste ne représente pas l’ensemble de la communauté autiste.
Malgré cette diversité, la médecine, la psychologie et les personnes autistes ont identifié de nombreux traits caractéristiques de l’autisme, qui rassemblent l’ensemble de la communauté autiste.”
Les professionnels de santé disent pourtant que mon enfant a un trouble du neurodéveloppement grave avec des difficultés d’interactions, de communication en présence d’intérêts restreints et stéréotypés
C’est la définition médicale officielle de l’autisme telle qu’énoncée dans le Manuel statistique des troubles mentaux (DSM-5) et la Classification internationale des maladies (CIM-11), élaborée à partir des observations de professionnels de la santé (psychologues, psychiatres, neurologues, éducateurs, psychomotriciens, orthophonistes, etc.).
Le diagnostic est crucial pour offrir un accompagnement adapté à chaque enfant et obtenir un statut de handicap auprès de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), permettant d’accéder à des aides sociales, humaines et à une scolarisation dans l’école de quartier. Toutefois, ces définitions offrent un seul point de vue et évoluent. Votre enfant est bien plus qu’une simple définition négative et déficitaire ; il possède ses propres ressentis et manière d’être que les spécialistes de l’autisme ne peuvent saisir entièrement.
Les personnes autistes adultes contribuent également à la compréhension de l’autisme et peuvent vous aider à reconnaître les multiples capacités et qualités de votre enfant. Bien sûr, votre enfant présente des besoins spécifiques et des défis uniques, tout comme n’importe quel autre enfant. C’est la société qui crée une grande partie de son handicap en ne répondant pas adéquatement, voire pas du tout, à ses besoins par rapport aux autres enfants.
Quelles sont alors ces particularités et ces besoins des personnes autistes?
Des particularités sensorielles variées
Une sensibilité moindre ou accrue à la lumière, au bruit, à l’intonation et les voix de l’entourage, la difficulté à interpréter des sensations physiques internes, un traitement différent des sons, du toucher, des textures ou des goûts alimentaires…
Une production intellectuelle profonde et des passions pour des sujets spécifiques
Les personnes autistes ont des intérêts spécifiques et des expertises variées, de la connaissance des races de chevaux à la politique monétaire internationale en passant par les cartes de géographie, la météo ou les plantes carnivores.
Un langage corporel constitué de mouvements répétitifs ou atypiques
Il y a d’abord des comportements d’autostimulation et de régulation de ses émotions comme battre des mains, se balancer, sauter en l’air, se taper les mains sur la tête. Puis des difficultés de coordination et d’exécution comme la dyspraxie .
Un langage particulier et une communication verbale et non-verbale différente
Il peut avoir une difficulté pour interpréter les sous entendus, les implicites, le second degré et les expressions imagées. Les personnes autistes peuvent répéter en boucle de manière immédiate ou différée des mots ou des phrases. Il s’agit de l’écholalie, c’est une manière de se rassurer ou d’apprendre le langage à leur façon en emmagasinant du vocabulaire. En général, il y a également des difficultés à exprimer ses émotions, son ressenti intime et à manier des concepts. Parfois le langage verbal peut être absent, mais ça ne veut pas dire que la personne autiste ne comprend pas ce que vous dites ou qu’elle n’a pas une autre manière de s’exprimer (gestes, intérêts spécifiques, écriture, art).
Des besoins en rituels et en routines
Les moments enviés par les personnes neurotypiques comme les vacances ou Noël peuvent être des moments très anxiogènes pour les personnes autistes car cela signifie une rupture de l’ordre des choses habituelles (école ou travail). A l’inverse, les personnes autistes peuvent prendre beaucoup de plaisir à classifier et à ranger les objets ou les thématiques qui les intéressent.
Des difficultés à comprendre et à se conformer à la socialisation typique
Les personnes autistes n’ont pas une socialisation dans la norme sociétale ce qui fait qu’elles peuvent avoir des réactions retardées à des stimulus sociaux, ou vont se comporter d’une manière inappropriée par rapport à un contexte social donné. Les personnes autistes n’ont pas forcément envie de dire bonjour ou merci, mais peuvent le faire d’une autre manière (par un autre geste, elles peuvent aussi vous parlez de leurs intérêts spécifiques ce qui est une marque de confiance). Il est meilleur pour leur bien être de respecter leur manière de faire.
Des comportements défis.
Ce sont des comportements liés plus ou moins aux caractéristiques précédentes, mais qui sont vues comme très problématiques dans notre société voire dangereux pour la personne autiste et pour les autres. Il peut s’agir de se frapper la tête contre le mur ou avec un objet (auto-mutilations), jouer avec ses excréments et vous les offrir, pousser des cris ou des hurlements, traverser la rue de façon brusque sans regarder etc… Ces comportements ont toujours une cause et il convient de les analyser pour les prévenir. Une automutilation peut résulter d’une contrainte sensorielle, d’un manque de stimulation, d’une incapacité à se faire comprendre ou d’une punition que les personnes autistes s’infligent . Il convient d’aménager leur environnement pour les rassurer et les mettre en confiance, l’aide de personnes autistes adultes et de professionnels spécialisés (psychologue cognitif) peut être nécessaire. Les maladies organiques (otites, intolérance alimentaires, allergies et problèmes intestinaux) peuvent aussi induire ces comportements ce qui nécessite une expertise médicale.
Des stratégies d’apprentissage et de résolution de problèmes non-conformes
Les personnes autistes peuvent avoir des capacités exceptionnelles à des tâches qui requièrent une intelligence fluide et être médiocres à des tâches verbales. Parfois, les personnes autistes peuvent avoir des difficultés d’apprentissages modérées ou sévères, mais cela peut résulter d’une autre manière d’apprendre qui n’est pas fournie par l’enseignement traditionnel. Il convient de mettre en place des pédagogies et des programmes adaptés selon les principes d’une éducation inclusive*
Puis-je faire confiance à des associations voulant lutter contre ou vaincre l’autisme ?
Ces associations qui tiennent ce genre de vocabulaire ne sont pas soutenues par les personnes autistes, elles ne s’intéressent pas au fonctionnement des personnes autistes ni à leur bien être et n’apportent pas d’aide réelle. Elles peuvent uniquement fournir des services privés payants ce qui n’est pas forcément accessible ni adapté aux particularités de votre enfant. Il vous est conseillé de bien vous renseigner avant sur toutes les méthodes alternatives possibles, le droit et l’inclusion scolaire. Il vaut mieux en fin de compte soutenir les associations gérées par des personnes autistes et défendant leurs droits.
Traduit et adapté de l’Autistic SelfAdvocacy Network
*L’ONU défini l’éducation inclusive comme un enseignement qui tient compte des profils et des besoins de tous les élèves. Cela suppose un système scolaire mixte où tout est inclusif : programmes d’étude, méthode d’apprentissage, évaluations adaptées et environnement accessible. Tous les enseignants doivent être bien formés et recevoir le soutien nécessaire.