Un peu d’histoire et retour sur l’eugénisme et l’action de l’extrême droite dans l’histoire française.

1. Le Gouvernement de Vichy et le Laisser Mourir

Hitler n’a pas exigé des autorités françaises d’exterminer les malades mentaux et les personnes lourdement handicapées, (sauf en Alsace).

Les historiens écartent l’hypothèse d’une politique eugéniste, par contre une stratégie de non-assistance active est avérée.

Le gouvernement de Vichy a fixé les restrictions à 1200 calories par jour et par personne à tous les français en raison de la pénurie alimentaire (2100 étant le minimum) tablant sur le fait que les français complémenteraient ces rations via le marché noir.

En automne 1941 une lettre adressée par la société medio-psychologique demande au gouvernement de fournir des suppléments alimentaires aux aliénés.

Le 3 mars 1942, une circulaire émanant de la Direction de la Santé refuse toute aide aux malades mentaux « Dans les conditions actuelles, il est difficile de faire obtenir à ces malades (mentaux) un supplément à la ration qui leur est octroyée, supplément qui ne pourrait être prélevé que sur les denrées déjà trop parcimonieusement attribuées aux éléments actifs de la population, en particulier aux enfants et aux travailleurs. »

Suite au congrès de Montpellier des aliénistes français, le gouvernement décide le 4 décembre 1942 l’octroi de suppléments alimentaires aux malades internés (par contre les vieillards des hospices ne reçoivent rien).

Au total 45.000 malades mentaux sont morts d’une « famine lente » (cachexie), en 5 ans, le taux de mortalité pouvant atteindre 36 % dans certains établissements (9 % hors guerre).Le surprenant revirement du 4 décembre 1942 a lieu alors que les deux tiers des aliénés condamnés par la famine sont déjà morts, permettant ainsi d’absoudre le gouvernement de Vichy de toute responsabilité dans l’hécatombe.

2. Les chantiers de Jeunesse (1940-1944)

L‘armistice du 22 juin 1940 ayant supprimé le service militaire obligatoire, les jeunes hommes âgé de 20 ans appartenant à la zone libre sont forcés d’accomplir leurs obligations militaires sous la forme d’un stage de six mois.

Entreprise de diffusion de la révolution nationale, les chantiers instaurent un dispositif de propagande, articulé autour de pratiques physiques au service de l’homme nouveau.

La vie en plein air est là pour endurcir et viriliser le corps des mobilisés au même titre qu’un rationnement de la nourriture, un travail journalier harrassant et des conditions de vie rudimentaires.

Dans chaque groupement, les jeunes classés physiquement faible à l’issue de l’incorporation sont versés dans un même groupe : les jeunes à entrainement spécial.
Ces groupes comprenant majoritairement des jeunes malades (malformations physiques, traumatismes récents ou déficients physiques).
L’image de ces corps malades ne cadre pas avec celle donnée par la nouvelle jeunesse de Vichy, caractérisée par son entrain, sa robustesse et sa vitalité.
Ces jeunes chétifs incarnent cette jeunesse d’avant-guerre jugée décadente dont la déficience corporelle témoigne de son inactivité et de son oisiveté.
Ils sont donc soumis à une gymnastique orthopédique visant à rectifier leurs corps. Cette conviction eugéniste amène naturellement les chantiers à se rapprocher d’acteur comme la fondation Carrel qui conduira en 1943 une enquête anthropo-biologiques de 3 mois sur une cinquantaine de jeunes mobilisés.