Cet article est une traduction du blog Speaking of Autism par Quincy et son article sur #RedInstead
Le 2 avril est la “Journée mondiale de l’autisme”, qui s’inscrit dans le cadre de ce que certaines personnes ont désigné comme le “Mois de sensibilisation à l’autisme”.
Malheureusement, pour beaucoup d’autistes, le mois d’avril est devenu un mois d’anxiété en raison des côtés sombres de la “prise de conscience”, qui est souvent poussée. Il y aura des ” marches de l’autisme “, des journées “Tous en bleu” dans les écoles et les lieux de travail, et des campagnes publicitaires appelant le public à craindre l’autisme. L’autisme sera diabolisé, blâmé pour les problèmes du monde, alors que les personnes autistes sont désignées comme étant “déficientes” et des “fardeaux”. La parole des personnes autistes sera déléguée aux parents et professionnels qui diffuseront encore plus de la désinformation et créeront d’autres préjugés [validistes] contre les personnes autistes.
Tout cela se fera au nom de la “sensibilisation”
C’est ce qui se passe tous les mois d’avril depuis l’avènement du mouvement de sensibilisation à l’autisme au début des années 2000. Et c’est, du moins à mon avis, l’un des plus grands contributeurs à de nombreux problèmes de société auxquels sont confrontées les personnes autistes.
Pourquoi?
Pendant tout ce temps, les gens ont insisté pour lancer une campagne de sensibilisation à l’autisme, mais en réalité, ils plaident pour une «prise de conscience» de l’autisme. Malheureusement, de nombreuses grandes organisations de l’autisme savent que la peur est une motivation fantastique pour faire des dons. L’autisme est dépeint comme une sorte de Père Fouettard, avec des allusions comparant l’autisme à un kidnappeur d’enfants dans la nuit. Les enfants autistes sont décrits comme «déficients», voire complètement déshumanisés. Les autistes sont considérés comme des fardeaux. Toutes sortes de statistiques grossièrement gonflées circulent sur le coût de notre autisme pour la société, à la fois financièrement et émotionnellement. Nos avantages ne sont jamais décrits aux heures de grande écoute. Seulement nos «coûts». Cela a provoqué beaucoup d’hystérie autour de l’autisme. Où cela nous a-t-il conduit? La peur de l’autisme est l’un des principaux facteurs de motivation du mouvement anti-vaccin, qui est l’une des menaces potentielles les plus importantes pour la santé du monde occidental.
La peur est aussi probablement la réaction la plus fréquente chez les parents lorsque leur enfant reçoit un diagnostic d’autisme. Cette peur les laisse exposés à toutes sortes de vendeurs d’huile de serpent qui promettent de «guérir» leur enfant de cet autisme effrayant dont ils ont entendu parler comme étant pire que le cancer aux infos. L’industrie de la «guérison» de l’autisme, soutire non seulement de l’argent des poches des familles, mais coûte également la vie à des enfants lorsque ces «traitements» deviennent létaux. Bien souvent, les listes de résultats les plus favorables à atteindre pour les enfants autistes sont de devenir “non-distinguables de leurs pairs typiques”. Pas de compétences utiles dans la vie, pas de bonheur, mais «avoir l’air moins autiste». Cela a conduit à la mise au point de «thérapies» néfastes qui cherchent à transformer les autistes en de faux neurotypiques, au détriment de leur épanouissement selon leur propre fonctionnement. Le plus révélateur est peut-être le Judge Rotenberg Center, toujours en activité, qui utilise la thérapie par chocs électriques et l’isolement cellulaire pour tenter d’éteindre l’expression du comportement autistique (même s’ils sont complètement inoffensifs, mais «ont l’air bizarre» ou “socialement inadaptés”).
Voilà les résultats que cette “sensibilisation” a obtenu. L’ignorance est finalement préférable à une “sensibilisation” de ce type. Et même si celles-ci n’étaient pas fondées sur la peur, la prise de conscience ne suffit pas. Je peux vous assurer que les parents qui ont tué leurs enfants autistes (et sont ensuite défendus pour cela) étaient «au courant» de l’autisme, de même que les harceleurs de l’école, les personnes qui veulent que les autistes ne soient pas admissibles à une greffe d’organe ainsi que les organisations qui financent des recherches sur les marqueurs génétiques de l’autisme afin que les fœtus autistes puissent être éliminés de manière préventive une fois identifiés.
Je suis donc solidaire d’une grande partie de la communauté autiste et je voudrais déclarer avril le “Mois de l’acceptation” de l’autisme. À cette occasion, j’invite tous les lecteurs, y compris les personnes autistes, parents, amis, alliés, enseignants et autres, à remplacer le bleu par de la couleur rouge le 2 avril. Portez du rouge ce jour-là pour montrer votre soutien à l’acceptation de l’autisme. La campagne dans les médias sociaux Walk In Red qui se poursuit depuis quelques années est un excellent moyen de s’impliquer, en marquant #WalkInRed (#TousEnrouge en français), avec des photos de vous portant des chaussures rouges ou autres vêtements, afin de montrer votre soutien à l’acceptation des personnes autistes.
L’acceptation de l’autisme signifie aimer votre enfant en tant que personne autiste. Non pas «aimer votre enfant mais haïr son autisme», car cela est impossible.L’autisme fait partie intégrante de l’essence-même des personnes autistes, et donc haïr son autisme, c’est haïr une partie de lui, parmi les plus fondamentales. L’acceptation de l’autisme signifie l’arrêt de la recherche pour un obscur «remède». L’acceptation de l’autisme n’implique ni condamnation à mort ni garantie d’échec, mais au contraire affirme que toute personne autiste peut mener une vie heureuse si elle reçoit le soutien nécessaire de la collectivité. L’acceptation de l’autisme signifie écouter et valoriser les voix des personnes autistes dans les discours sur l’autisme, et non uniquement comme des opinions à valeur symbolique.
Pourquoi rouge?
Dans de nombreuses cultures occidentales, le rouge symbolise l’amour. Cela représente la manière dont nous cherchons à transformer le discours sur l’autisme en allant d’un discours orienté vers la peur à un discours orienté vers l’amour et l’acceptation. Dans de nombreuses cultures asiatiques, le rouge est associé à la chance, à la joie et à la fête. Cela fait partie de la philosophie de la neurodiversité, en ce sens que les neurodivergences comme l’autisme doivent être célébrées comme des variations naturelles de la neurologie humaine. Bien que l’autisme soit un handicap (dans son sens social), ce n’est ni une tare, ni quelque chose à craindre ou à chercher à éviter. Mais le plus important est peut-être que la couleur rouge est une des couleurs qui se heurte le plus au bleu.
Pourquoi combattre le bleu?
Eh bien, le bleu est la couleur qui a été associée à une grande partie de la rhétorique de «prise de conscience» de l’autisme que j’ai décrite ci-dessus. La couleur bleue a été choisie pour représenter la sensibilisation de l’autisme en raison de la fausse croyance selon laquelle l’autisme est rare chez les filles et, comme le bleu est une couleur masculine en occident et que l’autisme est présenté comme une affection masculine, l’autisme devrait être représenté par le bleu. En tant que tel, il exclut les millions de femmes autistes du monde entier. (L’autisme est sous-diagnostiqué chez les filles à cause de l’idée préconçue selon laquelle les filles ne peuvent pas être autistes). Le bleu est aussi la couleur de Autism Speaks, une organisation qui est abhorrée par la communauté autiste pour une multitude de raisons. J’ai un article pour début avril qui explique pourquoi Autism Speaks fait tant de mal à la communauté autiste, mais si vous lisez ceci avant, vous pouvez entrer les mots “Autism speaks ne parle pas pour moi” dans votre moteur de recherche. Vous trouverez les nombreux articles que des personnes autistes ont écrits sur l’aspect sombre de cette organisation. La campagne «Light it up Blue» est une campagne marketing pour Autism Speaks. Donc oui, si vous éclairez en bleu (ou vous habillez en bleu), vous soutenez Autism Speaks.
Si pourtant vous souhaitez absolument éclairer quelque chose, alors il y a le “Light it up Gold” – car l’or a comme symbole chimique le Au comme Autisme, ce qui représente une alternative plus chaleureuse en faveur de la neurodiversité et de l’acceptation de l’autisme. Le militantisme doré de l’autisme est symbolisé par Âû.
Alors, mes amis, allez-vous vous joindre à moi pour soutenir l’acceptation de l’autisme en portant du rouge et en éclairant en or? C’est ce que j’espère.
Plus largement la neurodiversité permet le choix de toutes les couleurs en fonction de votre individualité. Il y a aussi plus concret à faire que de s’habiller d’une couleur particulière: par exemple, adapter la société à l’autisme en la transformant.