Chronimed : présomption d’incompétence et l’illégalité, alibis du PROGRÈS…

L’affaire Chronimed montre qu’un groupe d’une dizaine de médecins a prescrit en toute illégalité des antibiotiques sur des milliers d’enfants autistes.
L’ANSM a lancé des poursuites contre ces médecins après l’alerte de SOS Autisme France. Le Docteur Raymond a été radié dans l’Ain, un autre médecin a été signalé dans le Rhône.
L’affaire Chronimed a été révélée par la lanceuse d’alerte Suzanne Ruhlmann. Olivia Cattan, présidente de SOS Autisme France a rapporté cette affaire dans son livre “Le livre noir de l’Autisme” en 2020.
L’eugénisme et les expérimentations médicales : un lourd passif
Ce nouveau scandale s’inscrit dans le lourd passif historique des études médicales effectuées sans le consentement des personnes dites vulnérables ou incapables de donner leur consentement.
L’eugénisme et l’imposition de la seule solution médicale au handicap (ou à la maladie) n’a pas pris une ride, malgré tout ce passif. Il est le paradigme actuel des recherches en biologie et médicales.
Ces expériences reposent donc sur l’absence de consentement, qui n’a aucune base juridico-légale. La présomption d’incompétence et de capacité mentale permet de justifier tout type d’expérimentations et d’études pour le bien des personnes autistes, et plus largement tous les handicaps, au nom du fameux PROGRÈS…
On peut citer par exemple l’affaire WillowBrook aux Etats-Unis qui visait à comprendre les mécanismes d’infection à l’hépatite sur des enfants handicapés mentaux en institution spécialisée.
En France, l’Abilify a été aussi testé sur des personnes autistes, et prescrit par des psychiatres, alors que de nombreux effets secondaires sont connus. Des adolescents autistes sont devenus dépressifs et se sont suicidés sans qu’une responsabilité médicale soit engagée.
L’affaire Chronimed, dont le contexte a été détaillé dans un article précédent, s’inscrit dans une narration vantant des recherches innovantes et à la pointe de la science. Des responsables d’associations et des médecins français vantaient cette approche innovante à la création de Chronimed.

Marion Leboyer, psychiatre médiatique de la Fondation Fondamental vantait elle même cette voie au Sénat et cherchait des financements pour avoir une étude protocolisée et officielle sur les antibiothérapies. La piste immunitaire (“reset immunitaire”) est aussi privilégiée et elle est déjà étudiée dans des études controversées où on souhaite injecter des cellules souches à des personnes handicapées mentales et non oralisantes, sans consentement, malgré des effets secondaires graves ou pouvant conduire à la mort.
Les antibiothérapies, une voie de recherche marginale et alternative
Au niveau étranger, cette thèse n’a jamais été étudiée sérieusement. Quand on parcourt les études sur le sujet : seuls 3 auteurs mentionnent l’utilisation d’antibiothérapies contre l’autisme.
La dernière étude date de 2012 (étude de cas 5 enfants, pas de groupe contrôle, ni d’analyse statistique). Sans nouvelles depuis, on peut penser que Chronimed s’est appuyé sur ces études non-renouvelées.
De plus, la plupart de ces études sont publiées dans la revue “Medical Hypotheses” qui semble être une revue complotiste (donc peu scrupuleuse) : elle est connue pour nier la réalité du VIH (ou pour chercher des corrélations entre ongles carnés et schizophrénie).
Cette revue n’est pourtant pas une parodie à la Gorafi, mais on peut se demander si nos grands scientifiques français à la pointe de la science l’ont parfois prise au sérieux. Faut-il rappeler d’ailleurs que Montagnier n’a plus de positions sérieuses depuis longtemps et qu’il n’est pas approuvé par la communauté scientifique? Le syndrome du Prix Nobel ne suffit pas à attester d’une véracité scientifique.
Un engagement de l’Etat pour une recherche protocolisée, et peu éthique?
Ainsi, la polémique Chronimed a donné lieu à des explications demandées à la Ministre Sophie Cluzel devant la représentation nationale. Celle-ci, accompagnée de Claire Compagnon, a réitéré une approche basée sur la science, pilier de la Stratégie Autisme du gouvernement Macron, et sur les recommandations de la Haute Autorité de Santé.
Problème : la Haute Autorité de Santé n’est pas une instance scientifique, c’est une instance règlementaire recommandant les bonnes pratiques. Elle a été plusieurs fois épinglée pour des recommandations non basées sur des sources primaires (littérature scientifique en revue par les pairs) et sur des consensus scientifiques à propos de nombreux sujets : les ALD, la maladie de Lyme, les maladies chroniques, la Prep, les tests antigéniques du Covid, le syndrome post-covid…
Concernant l’autisme, si ses recommandations reposent en partie sur une conception plus proche de la réalité vécue par les personnes concernées, elles restent contestables sur le choix des méthodes comportementales qui ont un faible niveau de preuves et dont la qualité des études reste contestable.
Les propos de Sophie Cluzel reprennent également le discours des interventions précoces, qui veulent fléchir la trajectoire développementale en modifiant le cerveau des personnes avant tout diagnostic… Notre développement serait donc un problème, pas la société validiste.
Or ces interventions relèvent plutôt du neuromythe elles ne reposent pas sur une base scientifique valide . Le gouvernement, en prônant la science, l’utilise pour renforcer un discours validiste et un rapport médical au handicap et à l’autisme.

De plus, par le passé, le gouvernement a clairement écouté le groupe Chronimed car Olivier Véran avait défendu une étude protocolisée (essai clinique) auprès du Ministère de la santé. Ces propos eugénistes comme “prise en charge révolutionnaire contre l’autisme” montrent clairement une prise de position de l’Etat pour des approches peu éthiques.
Dans un extrait d’enregistrement et sur le Ministère de la Santé, 548 000 euros de subvention publique pour cette étude avaient été évoqués par des responsables d’associations auprès de médecins, confirmant le regard bienveillant de l’Etat et des autorités médicales à l’époque pour Chronimed. Il aurait été inscrit en 2019 sans autorisation d’un comité éthique pour le moment. Finalement, selon la déléguée interministérielle Claire Compagnon, ce projet visant à tester un traitement par un antibiotique n’a pas été finalement autorisé, mais elle a bien pris soin de préciser que ce n’était pas du Chronimed.
Pourtant le projet initial d’essai en double aveugle sur un autre antibiotique comptait bien des conseillers de Chronimed à plus de 50% dont le professeur Montagnier et Christian Perronne. On peut douter du hasard de réapparition de ce nouveau projet après le passage de Leboyer au sénat. C’est un demi-mensonge.

Cette bienveillance se retrouve dans les propos de Sophie Cluzel qui insiste sur les recommandations de la HAS et d’une “approche validée scientifique de l’autisme”. La science devient là un argument pour valider des traitements forcés sur les personnes autistes.

Pourtant, le seul argument qui vaille n’ est pas scientifique, mais éthique et juridique : l’article 15 de la CRDPH demandant l’interdiction des traitements forcés sur les personnes handicapées.
La France revendique clairement une dérogation à cet article, et se base sur le Protocole d’Oviédo qui autorise ces traitements forcés (encore une exception culturelle française ?)
Des causes liées aux violences de l’institution médicale
Il serait trop facile de condamner les familles de personnes autistes, celles qui courent après les traitements et la “guérison” de leurs proches. Celles qui encouragent donc les entreprises scientifiques décriées.
Il s’agit plutôt de l’éternel problème structurel qui prend sa source dans le validisme et l’eugénisme. Qui fait passer le handicap pour une anormalité et une aberration de l’être humain, qu’il faudrait éliminer et réduire au nom du Progrès.
L’avocat de Chronimed, spécialisé dans la défense des professions de santé, avance que le choix des parents de se tourner vers ces solutions est dû à la violence de l’institution médicale, la majorité des médecins refusant d’examiner les enfants (petits et grands) autistes, ne comprenant pas leurs problèmes somatiques…
Nous ne le contredisons pas, mais nous optons pour d’ autres pratiques . Légales et respectueuses, de préférence.